après quelques jours sur la riviera…
J’aime le joli nom de Riviera, par lequel était nommée ce que l’on appelle aujourd’hui « Côte d’Azur ». Je viens d’y passer quelques jours, alors que je n’y avais pas mis les pieds depuis plus de vingt-ans.
Dimanche dernier, j’ai arpenté la célèbre « Croisette de Cannes »…sous la pluie! Pour une fois que je foulais les mythiques trottoirs sur lesquels se sont posés tant de pieds « rich and famous, » il fallait que ce soit sous un parapluie; du coup j’avais davantage l’impression d’être à Pornichet , un jour pluvieux de novembre, que dans le décor du festival qu’on voit toujours, sur les photos, gai et pimpant avec yachts, parasols et chouettes pépées en tenues décolletées.En somme, je n’ai pas vu grand chose à Cannes, sinon les façades des palaces, et des boutiques d’un luxe extrême, boutiques dans les vitrines desquelles on peut voir, entre autres, un manteau en python coûtant 8500 euros et les célèbres chaussures Jimmy Choo, hideuses, hors de prix et importables tant les talons sont vertigineux, mais dont j’étais bien contente de voir de mes yeux quelques exemplaires;)
Les autres jours, nous avons visité, mon homme et moi, quelques villages perchés dans l’arrière pays, le vieux Nice, ainsi que la fabrique de parfums Molinard de Grasse. Nous avons aussi arpenté les rues de Saint-Paul-de-Vence et collé notre nez aux carreaux de la « Colombe d’Or » pour apercevoir les tableaux de maîtres décorant les salles du restaurant qui abrita les amours de Montant et Signoret et vit défiler de nombreux peintres installés dans cette douce et lumineuse région. Dans tous ces sites hautement touristiques, on ne croise, quand on s’y promène hors vacances scolaires, que des vieux ou des groupes d’adolescents coachés par leurs profs, ça fait bizarre. Le lieu qui m’a le plus épatée est la Villa Ephrussi, perchée en haut de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Cette sublime villa a été pendant trente ans la propriété de Béatrice de Rotschild, personnage hallucinant qui disposait de 10 000 euros d’argent de poche par semaine, et qui hérita à la mort de ses parents de 350 millions d’euros lui permettant de mener une vie de patachon: divorçant très jeune d’un mari qu’elle n’avait jamais aimé, elle a vécu une existence de sybarite, jouant au casino, prenant des maîtresses (elle préférait les dames) et dépensant sans compter pour satisfaire sa compulsion d’achats d’antiquités et son désir d’avoir de belles demeures. Elle n’a passé en tout et pour tout que trois saisons dans cette sublime maison remplie d’oeuvres d’art et dotée d’un jardin extraordinaire.
Nous étions logés chez des retraités assez aisés qui louent à l’année deux chambres d’hôtes. Des gens adorables, chez lesquels je serais bien restée des semaines à me faire chouchouter, dans leur grande maison remplie de chats et de chaleur humaine . En fin d’après-midi, ils insistaient pour nous offrir le thé et nous raconter leur vie: elle hongroise, lui allemand, ils se sont rencontrés en Suisse, ont vécu en Belgique et à Annecy. Ils ont eu deux beaux enfants. L’aîné est un chanteur d’opéra qui parcourt les scènes du monde entier et tutoie Alagna, Boccelli et quelques autres voix d’or. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et R… souffre depuis trente ans d’une maladie évolutive qui lui gâche quelque peu l’existence. Il y a toujours un « grain de sable » même dans les vies qui semblent les plus belles, les plus enviables.
Hier soir, nous avons passé la nuit à Castres, dans une chambre d’hôtel à 35 euros qui puait le tabac froid. Telle Cendrillon éjectée de son carosse, je redescendais sur terre, un peu étourdie.
J’espère que vous me pardonnerez la futilité de ce billet…