« Les enfants du plastique » le premier roman d’un blogueur/auteur sorti en livre de poche
9 décembre, 2009 @ 1:28 Non classé

On ne dira jamais assez à quel point Wrath rend parfois service aux romanciers sur lesquels elle rédige ses billets vachards. Il a suffi en effet qu’elle parle du roman « Les enfants du plastique » sorti très récemment dans le livre de poche,  à travers un Post sobrement intitulé « People, Paillettes et Pognon, les trois P de Thomas Clément », pour que j’ai envie d’acheter et de lire le roman en question.

Je suis de temps à autre les posts de Thomas Clément. Avant d’être publié au Diable Vauvert, ce publicitaire-blogueur devenu célèbre sur la toile, a relaté ses tribulations éditoriales, dont il a fait une amusante compilation que vous pouvez lire ici.
Le résumé des « Enfants du plastique » écrit en 4ème de couverture, donne une bonne idée de l’intrigue:

   Tout semble réussir à Franck Matalo,  puissant P-DG d’Unique Musique France.  Alors pourquoi décide-t-il,  à la surprise générale, de lancer Intestin, un groupe de punk-rock déjanté et incontrôlable, véritable pavé dans l’univers culturel aseptisé de l’année 2010 ?

Sans écrire un chef d’oeuvre à portée universelle, pas plus qu’un de ces livres remarquables par un style très personnel ou une écriture recherchée, Thomas Clément a réussi un roman moderne tout à fait bien ficelé. On suit avec amusement les aventures de Franck,  PDG devenu cynique et désabusé (on comprend pourquoi au fil du livre), qui a choisi de saborder l’entreprise pour laquelle il travaille depuis des années. Et quelle meilleure façon de saborder une Major (ressemblant à s’y méprendre à Universal Music) que de produire un groupe composé de types dégénérés, incontrôlables et tout à fait nuls tant dans la composition musicale que dans l’écriture de textes. Contre toute attente,  la machination destinée à mettre en danger l’équilibre financier d’Unique Musique produit l’effet inverse: le groupe a un succès fou, la provocation et la vulgarité de ces quatre zozos pires que les pires punks jamais produits dans l’histoire du rock,  plaisent énormément aux jeunes.

Le récit de cette aventure burlesque est ponctué de passages beaucoup plus graves, où le narrateur s’adresse à Mila, une petite fille qui ne fait plus partie de sa vie. Je ne peux pas en dire plus, sans dévoiler le secret du roman.

On pourrait reprocher à Thomas Clément de surfer sur la vague de 99f de Beigbeder, en dénonçant le système tout en en profitant, mais qui mieux qu’un publicitaire peut connaître et caricaturer l’économie mondialisée, la bêtise, l’absence totale de scrupules et le mercantilisme de ceux qui formatent les goûts du public?

Quoiqu’il en soit, voilà un bon moment de lecture, et cela fait du bien de lire une tragi-comédie rondement menée, tout comme il est agréable parfois,  de voir un film sans prétention intellectuelle démesurée;  je m’étonne au vu du côté actuel et bien observé de son intrigue, que Thomas Clément ait dû pas mal galérer avant de trouver un éditeur. Les voies du monde de l’édition sont décidément impénétrables (ou presque).

Extraits:

« Pendant l’écoute de Désordre, le titre phare de leur « album en préparation », les quatre rockers autoproclamés miment le jeu de leur instrument et Freddy, le chanteur, exécute un superbe play-back en se roulant par terre.

Consternant! Une parodie de rock’n roll, bête et basique. Furieusement mauvais. J’ai eu le nez creux, Mila. Les dégâts vont être énormes. Nous allons produire du gros son alors que le marché n’a même plus de chaîne hi-fi. La musique est faite par et pour les ordinateurs, qu’ils soient portables ou de salon, baladeurs ou TéléPod….

François-Xavier est à 100% dans sa mission. Il me croit enfin. C’est donc du sérieux. Il va produire le groupe en appliquant le strict mode d’emploi qu’il a appris chez nous. Peu importe le produit. Les gens qui vendent du PQ ne sont pas dans la merde pour autant. François-Xavier attaque déjà la pré-prod. Il commence par les paroles selon une méthode bien connue. Lisser, lisser, et encore lisser. Raboter les échardes pour que plus rien ne pique, lubrifier les mots pour que les phrases glissent bien. Un bon produit ne doit pas être original, c’est son marketing qui doit l’être. »…

 Nos invités sont très impressionnés. Le Costes, ils n’ont pas les moyens d’y dormir, mais tous l’ont visité au moins une fois, le temps d’une interview ou d’un café-frisson à quinze euros. Ils connaissent bien les serveurs en noir qui gagnent plus qu’eux et surtout les serveuses mannequins qui les ignorent. Dieu qu’ils aiment se faire maltraiter dans cette ambiance cosy ! Le Costes est la croix de Saint-André des aspirants branchés. On s’y attache et on prend sa claque. La soirée commence donc bien. Au milieu de la chambre, un détail intrigue toutefois: une batterie cinq fûts, un mur d’amplis Marshall et un micro sur pied. Pas très Napoléon III tout ça ! Mais qu’importent les détails, l’essentiel est là, on applaudit à s’en luxer les paumes. Les petits fours de luxe donnent la niaque et le champagne hydrate les bravos.

 Soudain les premiers accords de Désordre se font entendre. Freddy apparaît, suivi de ses compères. Le leader d’Intestin est moulé dans un pantalon en cuir qui accentue sa maigreur. Il est torse nu et porte trois rangées de fer barbelé en bandoulière…. »

 

La suite à découvrir si vous achetez le roman; à conseiller pour offrir en cadeau à des ados, et à ceux de tous âges qui s’intéressent un tant soit peu à l’univers impitoyable du show-biz version 3ème millénaire.

 

-Marie Lebrun
rss 8 réponses
  1. NLR
    9 décembre, 2009 | 22:48 | #1

    C’est écrit à la truelle, évidemment, mais si l’histoire fonctionne, pourquoi pas. Ça peut exister, oui.

  2. 10 décembre, 2009 | 10:04 | #2

    Je découvre votre commentaire où vous me dites avoir commander mon livre. L’avez vous reçu depuis ? Suis curieuse tout de même…

    Dernière publication sur Valy-Christine Océany : Mes livres avec dédicace

  3. 10 décembre, 2009 | 10:39 | #3

    @NLR: voyez-vous Nicolaï, je ne suis pas partisane du « tout vertical » en lecture. J’ai beaucoup lu les grands, je continue à découvrir des « peut-être grands »: Houellebecq, Carrère, et pourquoi pas vous, NLR avec HYROK. Mais cela ne m’empêche pas d’aimer lire parfois des auteurs plus « grand public ». Cela me détend et j’y prend plaisir, comme quand je vais voir LOL au ciné avec une de mes filles. Je ne suis pas une intello pure et dure;)
    @Valy. J’ai votre livre mais suis très en retard en lecture et rédaction de posts. Ce sera pour 2010;)

  4. le koala
    10 décembre, 2009 | 12:59 | #4

    « …mais qui mieux qu’un publicitaire peut connaître et caricaturer l’économie mondialisée, la bêtise, l’absence totale de scrupules et le mercantilisme de ceux qui formatent les goûts du public? »

    Ben, le public, justement.
    Il est aux premières lignes de ce mercantilmisme mondialisé.

    Je ne sais pas vous, mais personnellement je n’ai rien appris du tout dans « 99f ». Savoir que les publicitaires se bourrent à la coke, sont payés de manière indécente, sont loués pour leur créativité éruptive mais se trouvent être dans le même temps cons comme des balais belges, et finissent par rêver de tout plaquer aux alentours de la quarantaine, tout ça on le sait déjà. Pas besoin de se taper Beigbeder pour le vérifier, à moins d’être masochiste.

    Voilà qui fournit un précédent fâcheux pour le sieur Clément. Mais comme dirait Nicolaï, ca peut exister.

    …Bon. En Koalalaland il va sans dire qu’il aurait déjà été enterré vivant avec son blog, son bouquin et ses potes, mais bon, je suis fasciste à mes heures perdues.

  5. NLR
    11 décembre, 2009 | 22:24 | #5

    Houellebecq « peut-être grand » ? Voyons, Marie… C’est juste le meilleur écrivain français de la deuxième moitié du XXe siècle. On dirait pas comme ça hein, avec sa chemise à carreaux et son air de chien…

  6. Yola
    12 décembre, 2009 | 16:02 | #6

    Le thème est assez intéressant, mais une phrase comme «les gens qui vendent du PQ ne sont pas dans la merde pour autant» me laisse… ébaubie!

  7. Dahlia
    15 décembre, 2009 | 0:04 | #7

    Marie, il FAUT que vous lisiez Tortuez l’artiste! de Joey Goebel. En plus il est aussi sorti en poche avant celui de Clément. Le sujet est proche. Sauf que c’est mieux :)

    Et sinon parce que je sais que ça vous fera plaisir:

    http://www.lepassage-editions.fr/litterature/a_quand_nous_serons_heureux.html

    (en tout cas, moi ça me fait plaisir ^^)

  8. 15 décembre, 2009 | 9:16 | #8

    @Dahlia. Oui, bien sûr que cela fait très très plaisir de voir Carole Fives publiée chez un bon éditeur. Je l’ignorais, je vais voir ça de près.
    Merci pour l’info concernant Joey Goebel

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