le dernier pour la route
6 novembre, 2009 @ 9:50 Non classé

Le film « Le dernier pour la route » a été directement adapté du livre autobiographique de Hervé Chabalier.  Pour avoir lu ce témoignage, je dirais que ce film réalisé par Philippe Godeau est fidèle au bouquin tout en donnant au final un « rendu » très différent. L’interprétation de François Cluzet est si forte, si inspirée, qu’on oublie le médiatique patron de l’agence CAPA, pour suivre Hervé, le personnage du film, dans sa cure de désintox.

Le film alterne récit et rewinds, dans une mise en scène ultra classique. Le propos n’est pas nouveau, même s’il a été traité,  le plus souvent ces dernières années, sous forme de docu-réalité pour la TV. On s’est habitué à voir des personnes dites « dépendantes » tenter de se sevrer en clinique ou en institut,  du produit qui est devenu « plus fort qu’eux ».

Dans « Le dernier pour la route », on voit Hervé arriver au centre de soins (très belle demeure dans la forêt)  et se heurter à l’envie de  fuir,  car au début il ne voit dans ses compagnons de « route »,  lui le brillant patron de presse, que des looseurs,  voire des freaks: une nympho, un petit bonhomme à la Sempé tout timide, une bourgeoise complètement paumée, un fort en gueule, et l’inévitable post ado sexy qui fait la gueule en permanence. Il va rester,  pourtant: il comprend qu’il n’ a pas le choix, qu’il risque une maladie mortelle et surtout il s’aperçoit,  une fois à jeun,  que sa femme et son fils ne sont pas loin de le quitter.

 

Le Dernier pour la route

Ce film aurait pu être une sorte de téléfilm vaguement plus accrocheur que la moyenne du genre, et pourtant force est de constater qu’au bout de peu de minutes on se laisse embarquer. On a l’impression d’y être dans le groupe d’alcoolos qui se réunissent tous les jours pour une sorte de thérapie de groupe. Ils ressemblent tellement, malgré leur côté caricatural,  à certains de nos voisins, de nos parents et tiens,  ils nous ressemblent un peu, soyons francs, nous qui avons tous au moins une addiction (télé, tabac, internet, bouffe, médicaments, le monde moderne occidental est riche en possibilités de dépendance).  La seule différence étant que le toxico finit par se laisser envahir par le produit qu’il affectionne au point de risquer d’y perdre la vie prématurément, ou de perdre la raison; bien souvent en premier lieu,  de perdre ses proches qui ne supportent plus le spectacle d’une lassante « déchéance ».

Un bémol: l’interprétation un rien surjouée de Mélanie Thierry, les décors un peu trop élégants pour être réalistes. Sinon, j’avoue avoir pleuré plusieurs fois, avoir été dégoûtée aussi (c’est le but, un alcoolique qui boit seul à deux heures du matin dans sa cuisine, un type qui vomit du sang avant de crever dans une ambulance, ce n’est pas plaisant à voir).

Un bon film donc, dominé par l’interprétation inoubliable de Cluzet.

-Marie Lebrun
rss 11 réponses
  1. 6 novembre, 2009 | 11:41 | #1

    Marie, je préfère cette mise en page ;-)
    Je n’ai pas vu le film, mais ton article me donne envie d’aller le voir, vu que je suis aussi « addict » au tabac et à l’écriture. Certes, on a tous au moins une addiction, qu’on peut nommer persévérance ou passion pour l’écriture, mauvaise habitude pour le tabac.
    Quoi ? Le tabac c’est une addiction ? Heu, non pas pour l’instant. On le sait aussi que le dépendant ne reconnaît pas toujours sa dépendance !
    Ben, non, je peux, juré,juré, m’en passer de la cigarette pendant…deux heures mais pas quand j’écris, non.

    Dernière publication sur Valy-Christine Océany : Mes livres avec dédicace

  2. 6 novembre, 2009 | 19:07 | #2

    Moi aussi, je préfère cette mise en page, même si c’est écrit petit. Mais les articles ne sont pas très longs;)
    Je suis sûre que ce film te plaira. Très sensible, avec des moments très forts et une belle leçon de vie au final. Ma fille aînée et une amie qui nous accompagnait ont beaucoup aimé…et pleuré aussi. mes addictions sont les mêmes que les tiennes. Et je suis bien embêtée car m’étant fait la promesse d’arrêter le tabac dans un mois pour mon anniversaire…Ca va être très dur!

  3. Marco
    7 novembre, 2009 | 14:29 | #3

    Film qui a l’air bien intéressant, en effet. La photo que vous avez retenue est terrible (ça aurait pu être moi, avec quelques paramètres de vie différents).

  4. 24hcolo
    7 novembre, 2009 | 23:17 | #4

    Allez, un dernier com’ pour la route, Serge…
    Allez quoi.
    Ta femme t’attend au pieu mais non, faut que tu traînes encore ta carcasse devant cet écran noir et blanc, les yeux vitreux, dans l’attente d’une idée de génie à lire ou à écrire, dans un de ces blogs que tu aimes fréquenter.
    Car tu les aimes ces blogs, hein. Avoue-le. T’empêchent d’écrire, te donnent l’impression d’exister non ? Le temps file, file, glisse entre tes doigts. La mort avance, inutile de reculer. L’écran suspend le temps. Tu te crois immortel, mec ?
    Ta femme t’attend, Serge. Mais attend encore un tout petit peu. Après ça c’est le noir, la nuit, les yeux ouverts au plafond. Allez, un dernier com’ pour la route.

  5. 8 novembre, 2009 | 11:15 | #5

    @Marco; beaucoup d’hommes (et de femmes)peuvent se retrouver dans le personnage d’Hervé. C’est l’intérêt du film, même si on n’est pas alcoolique ou toxico, la souffrance du personnage est universelle
    @24hcolo. Cela m’arrive certains soirs de zapper d’un blog à l’autre, de me dire « qu’est-ce que je fous là, la vie n’est-elle pas ailleurs? » Et en premier lieu avec ceux qui vivent près de moi.

  6. Yola
    8 novembre, 2009 | 11:52 | #6

    Pas vu le film. Peut-être que si l’on multiplie les addictions (clopes + alcool+ Internet +…), au lieu d’en avoir une seule, on n’est moins addict, non? En tout cas, bon courage Marie pour arrêter la cigarette!

  7. Cécile D.
    8 novembre, 2009 | 15:31 | #7

    Faut bien compenser … alors clopes, net, alcool … ça remplit pour un temps le manque, ça n’résoud rien! on le sait tous… on continue pourtant … c’est si bon! si fort qu’on en oublie demain … demain de cancer, de solitude, de mort, de rien. Terrible! pourtant , on continue d’être, de créer, de vivre … et au milieu de tout ça, les gens raisonnables qui ont raison, nous disent qu’ on croit vivre!
    on ne les croit pas : on sait bien qu’on vit en fait, vraiment, mal peut-être, mais on vit! … intensément l’instant.
    Merci belle Marie pour cet article… ça me donne envie d’aller voir le film. Et puis j’adore Cluzet! je pense que c’est l’un de nos plus bons acteurs du moment *_*

  8. NLR
    8 novembre, 2009 | 17:34 | #8

    Oui, ça donne envie d’aller y regarder de plus près. Petit complément d’info, pour ceux que ça intéresse :

    Le modèle « test » d’Aviel Goodman (psychiatre américain), à partir duquel on peut diagnostiquer, toutes addictions confondues, si on est véritablement accro ou pas.

    — Impossibilité de résister à l’impulsion de passage à l’acte.
    — Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.
    — Soulagement ou plaisir durant la période.
    — Perte de contrôle dès le début de la crise.
    — Présence d’au moins cinq des neuf critères suivants :
    a) Monopolisation de la pensée par le projet de comportement addictif.
    b) Intensité et durée des épisodes plus importants que souhaités à l’origine.
    c) Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.
    d) Temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre ou à s’en remettre.
    e) L’engagement dans le comportement est tel que la personne ne peut plus accomplir des gestes élémentaires (se laver, se nourrir) et le conduit vers un désinvestissement social, professionnel et familial.
    f) Survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, familiales ou sociales.
    g) Poursuite du comportement malgré l’aggravation des problèmes sociaux et en dépit de la connaissance des conséquences négatives.
    h) Tolérance marquée, c’est-à-dire besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence pour obtenir l’effet désiré, ou diminution de l’effet procuré par un comportement de même intensité.
    i) Agitation, irritabilité et surtout angoisse si le passage à l’acte addictif est différé, empêché.

    Faites vos jeux, rien ne va plus…

  9. 8 novembre, 2009 | 20:37 | #9

    Inouï ce test américain; contrairement à ce que je pensais je suis beaucoup plus accro au web qu’à la cigarette!!!! En deuxième position vient la bouffe (un miracle que je sois pas devenue obèse comme dix-huit pour cent des américains;)
    Dois-je faire comme Marco et entamer une période de désintox en gelant ce blog provisoirement? Oui, mais alors que va devenir 24h colo???

  10. 24hcolo
    12 novembre, 2009 | 17:32 | #10

    C’est vrai ça, qu’est-ce que je deviendrais sans vous… Déjà que mon roman se traîne, à l’image de son auteur, comme un escargot bien baveux à la recherche éperdue de sa feuille de chou… Je lis Hyrok donc (pour ceux qui n’auraient pas vu le rapport allusif) et quand le coeur m’en dira (mendiera ?), je ferai une petite analyse de mon ressenti en ce qui concerne le début.
    Bye !

  11. 12 novembre, 2009 | 20:12 | #11

    @24hcolo
    Ce blog n’existerait plus sans mes chers habitués. « feuille de chou », vous avez quel âge, Serge ?^^
    Très bien que vous ayez commencé la lecture d’HYROK. J’ai hâte d’avoir vos impressions.

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