Je suis étonnée de constater que les blogs n’évoquent que rarement la littérature dite policière. Je parle bien évidemment des blogs littéraires généralistes, car j’imagine qu’il y a de nombreux blogueurs que je ne connais pas, qui en parlent avec intelligence et passion.
Je suis aussi un peu navrée de constater que les auteurs dits « policiers » soient classés à part, alors que certains sont de grands écrivains, souvent même très supérieurs à ceux qui reçoivent des compliments dithyrambiques des critiques. On a bien créé des prix littéraires spécialisés dans le genre, mais après tout, pourquoi un sublime polar ne recevrait-il pas le Goncourt ? Aujourd’hui c’est le grand jour, pour les goncourables, même si tout le monde est presque certain que la grande gagnante sera Marie N’Diaye, il peut y avoir une surprise de dernière minute.
Je me suis amusée à chercher dans ma bibliothèque tous les titres de littérature « noire » ou « policière » qui m’ont donné l’impression grisante de lire un « grand » livre:
La dame en blanc de Wilkie Collins
L’inconnu du Nord Express, Ces gens qui frappent à la porte, Le meurtrier, Eaux profondes, Ce mal étrange, de Patricia Highsmith.
La maison aux escaliers, L’été de Trappelune de Ruth Rendell.
La mort de Belle, Le testament Donadieu de Georges Simenon.
Un certain goût pour la mort, de P.D James.
La femme en vert, La voix d’Arnaldur Indridason.
Les rivières pourpres, l’Empire des Loups de Jean-Christophe Grangé.
Je ne cite que ces quelques exemples, d’autres auraient cité Ed Mc Bain, William Irish, Raymond Chandler, l’irremplaçable Agatha Christie, Fred Vargas.
En termes de qualité littéraire et de puissance narrative, la littérature policière dépasse bien souvent de nos jours la littérature « traditionnelle » dont on nous rebat les oreilles au moment des prix et c’est très agaçant. Il suffit de compter le nombre de grands films adaptés de grands romans policiers, pour constater à quel point les auteurs de ces livres ont un don pour les histoires marquantes, les scénarii diaboliquement ficelés. Et on oublie souvent de dire que « Crime et châtiment » peut se lire au premier degré comme une intrigue policière, cela expliquant sans doute qu’il soit le roman de Dostoievski le plus lu et le plus accessible.
Je n’achèterai pas le Goncourt, on résiste comme on peut;)
En ce qui me concerne, j’ajouterai des auteurs japonais qui réussissent à exceller aussi bien dans le fond que dans la forme. Le premier qui me vient à l’esprit, c’est Ranpô Edogawa, dont rien que la nouvelle « la chaise humaine » est un délice !
Il faut aussi lorgner du côté nordique en ce moment. Vargas c’est top, mais pas tellement pour l’intrigue : pour les personnages truculents, l’ambiance et son style inimitable. Ai pas accroché avec Christie : style trop « banal » (et/ou mal traduit ?), peu d’empathie avec les personnages.
Le polar en littérature, c’est un peu comme la comédie au cinéma, décrié et délaissé par « la Haute ». Mais vous pouvez aussi ajouter le thriller, l’horreur et la S.F. (Pourtant des génies peuvent se cacher derrière tous les genres je pense !)
J’ai toujours préféré le fantastique au policier, en fait de littérature duite « de genre ». peut-etre parce que j’aime la littérature tout court et que les plus grands noms de la littérature traditionnelle – ou généraliste – se sont essayés au fantastique (Balzac, Mérimée, Maupassant, Nerval, Tolstoï …) alors que tous ne se sont pas aventurés sur le diomaine policier. Néanmoins, il est sigbnificatif et piquant u’un précurseur du polar ne soit autre qu’Edgar Poe avec ses deux nouvelles consacrées au détective Maupin, elles-mêmes teintée d’une dose d’étrange… à la manière un peu plus tar (je suppose) du mystère de la chambre jaune et de Fantomas. bref, j’aprécie le polar agrémenté – ou pimenté – d’un peu de fantastique ou au moins de fantasque. Quand c’est juste des histoires de flics – voyous, ca me gave. A part deux ou trois auteurs que j’ai trouvé bien, parce qu’ils trouvaient d’autres moyens de s’afranchir des lois du genre: Thomson, Lehanne… Je n’en ai pas beaucoup en tête néanmoins !
‘est drôle parce qu’en somme je lis très peu de polars;
Mais mon propre bouqin, c’est une enquète. une enquète « non-policière » mais enquète tout de même. Bizarre. J’ai quand même dû me laisser influencer…!
Joli titre… et une conclusion qui emporte l’adhésion! Je ne lis pas beaucoup de polars. Vargas, un peu. Toutefois, j’ai gardé un excellent souvenir d’un bouquin un peu ancien maintenant qu’une copine m’a passé: C’est toujours les autres qui meurent de JF Villar, construit autour de l’évocation de Etant donnés de Duchamp.
@ Koala : au travers de notre vie, n’enquête-t-on pas tout simplement sur notre propre vie, ou sur la vie en général ? Dans mon chantier en cours, un psy mène aussi l’enquête pour en apprendre sur un de ses patients amnésique… Tout à fait d’accord pour dire que de simples histoires à la Starsky et Hutch, on en revient vite…
Oups : remplacez le premier « vie » par « oeuvre », ce sera un tantinet plusse clair.
@OFD
Merci pour la suggestion d’auteur japonais.
@tous.
Je vous conseille vivement si nous ne l’avez pas lue, Patricia Highsmith, car ses romans sont très littéraires, et finalement pas très « policiers ».
Je ne connais rien en SF. Je sais seulement par ouïe dire que PH.K Dick est un maître du genre.
Je ne m’étais point trompée pour Marie N’Diaye. J’avais aimé « Rosie carpe », son écriture est très maîtrisée, mais j’attendrai d’avoir son livre primé en bibliothèque; par principe…
Oui, bravo pour le pronostic Marie, moi j’étais aux fraises (ou au cassis).
K Dick est en quelque sorte l’ancêtre littéraire de Dantec, mais il avait un style excécrable, je ne sors pas de là. Je sais qu’il y a des « Kadickophilles » qui tombent de leur chaise quand on ose le constater, mais c’est pourtant un fait. « Le maître du haut chateau » est un des livres les plus mal foutus que j’ai eu entre les mains, et d’autres sont carrémment incompréhensibles. Dommage, le propos est souvent passionnant, le fait est. En un mot comme en cent, un gâcheur génial.
Pour Marie N’diaye, je vais attendre deux-trois ans que le soufflé retombe. Je n’aime pas lire « à chaud » avant que la décantation ne soit (collectivement) faite.